L'art de la tapisserie

Histoire de la tapisserie

 

Originaire d'Asie, puis d'Afrique du nord, la tapisserie aurait été introduite en France au retour des croisades chrétiennes au Proche-Orient, ou peut-être dès l'époque des invasions sarrasines. Elle a existé depuis l'antiquité et beaucoup de peuples l'ont pratiqué : Grèce Antique, La Chine impériale, L'Egypte antique, les civilisations précolombiennes.

 

La tapisserie occidentale connaît un essor formidable pendant le XIVème siècle, illustré par la tenture de l'Apocalypse commandée par le duc Louis 1er d'Anjou et conservée au château d'Angers. Un grand nombre de tapisseries sont parvenues jusqu'à nous directement.

 

Elles sont parfois grandioses (tenture de la Dame à la Licorne conservée au musée de Cluny à Paris, la Tenture de David et Bethsabée au musée d'Ecouen, la tenture les chasses de Maximilien au musée du Louvre) souvent plus modestes.

 

Leurs fonctions sont de réchauffer les murs des bâtiments civils ou religieux où elles sont tendues. Elles protègent surtout du froid quand il est difficile de chauffer par les cheminées. Elles sont décoratives dans les églises et substituent à l'art de la fresque. Elles sont somptuaires en tant qu'objet mobilier facilement transportable.

Histoire du mobilier national

Le Mobilier national et ces trois Manufactures nationales (Gobelins, Beauvais et La Savonnerie) sont inséparables depuis Colbert.

 

C'est un ancien garde-meubles de la Couronne. Il conserve, répare et entretient des objets, mobiliers et textiles (tapisseries, tapis).

La Manufacture des Gobelins

Ce célèbre établissement de tapisserie et de teinture est situé à Paris, entre l'avenue des Gobelins, la rue Croulebarbe et la Bièvre. Les Gobelins étaient une famille champenoise originaire de Reims, qui, au XVème siècle, avait établi une entreprise de teinture. Jehan Gobelin, teinturier en écarlate, s'enrichit dans cette industrie et s'installa sur les bords de la Bièvre, qu'on appela de son nom "rivière des Gobelins", dont les eaux étaient réputées pour leurs qualités tinctoriales. Ses descendants se maintiendront jusqu'en 1601.

 

Mais, c'est surtout Louis XIV qui donna une impulsion considérable en créant en 1667 la manufacture royale des Meubles de la Couronne. Colbert y centralisa divers ateliers de tapisserie dispersés dans Paris, ajouta des ateliers d'ébénisterie, d'orfèvrerie…La production des trois manufactures sont toutes entières réservées à l’État.

La technique des Gobelins

Les Gobelins pratiquent exclusivement la haute lisse depuis 1826. Dressé verticalement, le métier est constitué de deux montants appelés jumelles qui maintiennent deux ensouples, celle du bas recueillant le tissu et celle du haut accueillant la réserve de fils de chaîne. Les fils de chaîne sont séparés en deux nappes par des bâtons de croisure.

 

Le lissier travaille face à la lumière sur l'envers de son ouvrage, contrôlant celui- ci sur l'endroit à l'aide d'un miroir. Il se retourne pour voir derrière lui son carton. Chacun des fils de chaîne de la nappe arrière est muni d'une lisse et permet de ramener à l'avant cette nappe arrière, la nappe avant reste fixe. Muni d'une broche, le lissier introduit ses fils de trame entre les fils de chaîne puis ramène d'arrière en avant la nappe arrière avant d'effectuer le retour avec la même broche. Il va ainsi recouvrir totalement la chaîne avec la trame, particularité essentielle d'une tapisserie ou tissu à effet de trame.

 

Loin d'être un simple exécutant, le lissier est donc bien un artiste qui interprète le carton fourni par l'artiste cartonnier.

La tapisserie traditionnelle

Pénélope dans l'Odyssée d'Homère

 

Dans sa jeunesse, et à cause de sa grande beauté, Pénélope est demandée par plusieurs princes grecs. Son père, pour éviter les querelles qui auraient pu éclater entre les prétendants, les oblige à en disputer la possession dans des jeux qu'il fait célébrer. Ulysse sortant vainqueur, Pénélope lui est accordée.

 

Pendant les vingt années d'absence d'Ulysse, durant et après la guerre de Troie, Pénélope lui garda une fidélité à l'épreuve de toutes les sollicitations. Sa beauté et le trône d'Ulysse attirèrent à Ithaque cent quatorze prétendants. Elle sut toujours éluder leur poursuite et les déconcerter par de nouvelles ruses.

La première fut de s'attacher à faire sur le métier un grand-voile, en déclarant aux prétendants qu'elle ne pouvait contracter un nouveau mariage avant d'avoir achevé cette tapisserie destinée à envelopper le corps de son beau-père Laërte, quand il viendrait à mourir. Ainsi, pendant vingt ans, elle allégua cet ingénieux prétexte, sans que sa tapisserie ne s’achevât jamais, car elle défaisait la nuit ce qu'elle avait fait le jour, ce qui est à l'origine de l'expression « la toile de Pénélope », désignant un ouvrage auquel on travaille sans cesse et que l'on ne termine jamais. Elle peut aussi être rapprochée dans une certaine mesure de l'aphorisme « faire et défaire c’est toujours travailler » qui mobilise la notion de travail accompli pour faire accepter une activité répétitive et inutile.

Quand on vint dire à Pénélope que son époux était de retour, elle refusa de le croire, craignant qu'on ne voulût la surprendre par des apparences trompeuses mais, après qu'elle se fut assurée par des preuves non équivoques que c'était réellement Ulysse, elle se livra aux plus grands transports de joie et d'amour.

La Tenture de l'Apocalypse

La tenture de l'Apocalypse (ou les tapisseries de l'Apocalypse, ou encore l'Apocalypse d'Angers) est une représentation de l'Apocalypse de Jean réalisée à la fin du XIVème siècle sur commande du duc Louis Ier d’Anjou.

 

Elle est le plus important ensemble de tapisseries médiévales subsistant au monde. Constituée de six pièces composées chacune d’un grand personnage introductif et de quatorze scènes, elle couvrait à l’origine une surface totale de 850 m². La thématique de l'Apocalypse est fréquente dans une époque marquée par la peste noire qui ampute l'Europe du tiers de sa population et un royaume de France troublé par la guerre de Cent Ans.

 

La tenture de l'Apocalypse est exposée au château d'Angers.

 

 

 

La Tenture de David et Bethsabée

 

La Tenture de David et Bethsabée est une suite de dix tapisseries représentant l'histoire de David et Bethsabée réalisées à Bruxelles vers 1525. Sa réalisation a duré près de cinq ans.

 

Elle est reconnue comme l’un des chefs-d’œuvre de l’art de la tapisserie au XVIe siècle.

 

Avec ses dix pièces rassemblant près de six cents personnages sur soixante-quinze mètres de long, cette tenture illustre le récit biblique du Second Livre de Samuel. En pleine guerre contre les Ammonites, le roi David s’éprend de Bethsabée alors que sa femme Michol est frappée de stérilité. De cette relation adultère s'annonce une descendance. David envoie alors Urie, l'époux de Bethsabée, en première ligne du front, où il trouve la mort. La colère divine s'abat sur le couple et l'enfant décède. Après une période de repentance, le souverain pardonné remporte la victoire et épouse Bethsabée. De son union avec Bethsabée légitimée par Dieu naîtra Salomon, grand roi d’Israël.

 

La tenture de Davide et Bethsabée est exposée au Musée national de la Renaissance se trouvant dans le château d'Ecouen.

 

La Dame à la Licorne

 

A partir du XIXème siècle, la Tapisserie s'impose dans le domaine des arts précieux. Aux côtés de la noblesse et du clergé, la grande bourgeoisie n'hésite plus à afficher sa prospérité. Les œuvres ornent et réchauffent les demeures.

Les tapisseries peuvent se composer de plusieurs pièces, c'est le cas par exemple de la célèbre Tapisserie de la Dame à la licorne conservée au musée national du Moyen-Âge – Thermes et Hôtel de Cluny qui est constituée de six tentures.

 

Cinq de ces représentations forment une allégorie des cinq sens symbolisés par l'occupation à laquelle la Dame se livre :

 

Le toucher : la dame tient la corne de la licorne ainsi que le mât d'un étendard.

Le goût : la dame prend ce qui pourrait être une dragée d'une coupe que lui tend sa servante et l'offre à un oiseau ;

L'odorat : pendant que la dame fabrique une couronne de fleurs, un singe respire le parfum d'une fleur dont il s'est emparé ;

L'ouïe : la dame joue de l'orgue ;

La vue : la licorne se contemple dans un miroir tenu par la dame ;

 

La sixième tapisserie, celle du sixième sens, ne s'interprète que par déduction de l'hypothèse des cinq sens. On peut y lire, encadrée des initiales A et I, la devise « Mon seul désir » au haut d'une tente bleue.

Dans cette tapisserie, la Dame se défait du collier qu'elle portait dans les autres tapisseries.

 

La tapisserie contemporaine

Jean LURÇAT

 

« La tapisserie, c'est principalement chose d'architecture... C'est un objet et dans son essence un tissu, dont le devoir est d'habiller un pan de bâtiment à qui sans cet ornement, eut sans doute manqué un je ne sais quoi de charnu, de passionnel : de charme pour tout dire. » : Jean Lurçat

 

Il côtoie les grands poètes de son temps tels que Guillaume Apollinaire, Louis Aragon, Paul Eluard... C'était un artiste engagé dans son époque, d'où sa tapisserie « la Liberté » qui fut tissée durant l'occupation, illustre les malheurs de la Guerre, mais surtout l'espoir portée par la Résistance et la création artistique.

 

Il exposa en 1920 au Salon des Indépendants à Paris. En 1936 il fait tisser sa première tapisserie à la manufacture des gobelins, «les illusions d'Icare». En 1938, il découvre la tenture de « l'Apocalypse du XIVème siècle » à Angers.

Dès la fin de la seconde guerre mondiale, Jean Lurçat décline plusieurs propositions de projet du Mobilier National pour travailler en étroite collaboration avec les ateliers d'artisans lissiers d'Aubusson en soutien aux petits ateliers privés qui sont touchés par la crise économique.

Les tapisseries de Jean Lurçat ont presque toutes été tissées dans différents ateliers à Aubusson et Felletin. Il connut un grand succès en Europe et aux Etats-Unis. Il produit près d'un millier de cartons de tapisseries et cela a été très déterminant dans l'histoire de l'art et la renaissance de la tapisserie.

En 1957, il commence sa grande tenture « Le chant du monde » qui sera tissée à Aubusson où on peut venir l'admirer au musée Jean Lurçat à Angers.

Jean LURÇAT fut le grand rénovateur de la tapisserie contemporaine.

Sheila HICKS

Sheila Hicks est une Artiste américaine qui se situe entre la Tapisserie et la Sculpture.

 

Elle exploite depuis plus de 50 ans la fibre textile.

 

Elève de Josef Albers et Georges Kubler à l'Université de Yale, elle étudie la peinture et la photographie et rédige une thèse sur les textiles incas andins. Riche de ses voyages en Amérique du Sud et de cinq années au Mexique, elle découvre les textiles précolombiens et qu'elle y apprendra les techniques traditionnelles de tissage que l'on retrouve aujourd'hui encore dans son travail.

 

En 1964, Sheila Hicks décide de s'installer à Paris pour y mener sa vie et fonder son atelier parisien. Il devient alors le centre toujours actif, d'une oeuvre ouverte, où fils et textiles donnent forme à « un langage international » tactile, sensible et immédiat. Elle a dédié sa vie aux textiles et aux fibres (laine, corde, soie, coton, fibres synthétiques, etc..), qu'elle emploie, sculpte et magnifie dans des œuvres de toutes dimensions.

 

Ses œuvres textiles monumentales sont exposées dans le monde entier.

 

Olga de AMARAL

 

Olga de Amaral est une Artiste colombienne qui se situe entre la Tapisserie et la Sculpture.  Elle a étudié l'art de la fibre à Cran brook Community à Bloomfield Hills, Michigan, USA (1954-55). L'artiste chérit cette période de son éducation et la considère cruciale pour son développement artistique postérieur : « À Cran brook, l'atelier textile avait huit métiers à tisser contre les fenêtres : l'un d'eux, dans le coin, serait ma maison pendant un an. J'ai vécu mes moments les plus intimes de solitude, il est né de ma certitude sur la couleur, sa force, je me sentais comme si j'aimais la couleur comme si c'était quelque chose de tangible. »

 

En 1955, après un an à Cran brook, elle retourne en Colombie et commence à confectionner des textiles décoratifs pour ses amis architectes. Elle s'installe à Bogota et fonde un atelier de tissus tissés à la main.

 

Elle est devenue l'une des rares artistes d'Amérique du Sud internationalement connue pour son travail de la fibre.

 

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